Trinidad (Trinité en français), grande île en face du Venezuela, et flanquée de la petite Tobago, a d’abord été colonisée par les Espagnols, qui s’intéressaient certes à la canne à sucre, mais davantage au tabac et au cacao. Après la prise de possession par les Britanniques, ce sont des colons français qui, à partir de la fin du 18ème siècle, vont développer l’industrie sucrière. Celle-ci va continuer à se développer pendant tout le 19ème siècle et le début du 20ème siècle.

Mais la vraie mutation du rhum à Trinidad découle de l’arrivée du Dr Siegert, créateur de l’Angostura Bitters, au départ un médicament contre les fièvres et adopté ensuite comme amérisant par les barmen du monde entier. Entre les deux guerres, sa société se diversifie dans le rhum, et c’est au rhum de Trinidad qu’on doit la célèbre chanson des Andrew Sisters, “Rhum and Coca-Cola” apparue lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec une finale prophétique : “Working for the Yankee dollaaar”. Car Angostura va développer une intense politique d’exportation de rhums légers, à destination notamment des Etats-Unis, donnant naissance à un empire qui a essaimé dans bien d’autres îles des Caraïbes.
Trinidad comprenait encore une autre distillerie, Caroni, qui dépendait d’une sucrière appartenant à l’Etat, avec une gamme importante de rhums vieux distillés en continu et même en alambics à repasse.